Aménagiste forestier et activiste climat, elle insiste sur le fait que les gouvernements devraient multiplier les initiatives dans ce sens.
Par Adrienne Engono Moussang
Aménagiste forestier et activiste climat, elle insiste sur le fait que les gouvernements devraient multiplier les initiatives dans ce sens.
Par Adrienne Engono Moussang
Comment l’afforestation et le reboisement peuvent-ils contribuer à la lutte contre le changement climatique ?
L’afforestation ou boisement est une plantation d’arbres ayant pour but d’établir un état boisé sur une surface longtemps restée dépourvue d’arbres, ou n’ayant éventuellement jamais appartenu à l’aire forestière ; tandis que le reboisement est une opération qui consiste à créer des zones boisées ou des forêts qui ont été supprimées par coupe rase ou détruites par différentes causes dans le passé (surexploitation, feu de forêt, surpâturage, guerre, etc…) . L’afforestation et le reboisement sont des techniques ayant le même objectif : accroître le couvert forestier. A travers cet objectif, elles permettent ainsi d’atténuer les effets du changement climatique grâce aux forêts mises en place pour la compensation des émissions de gaz à effet de serre. Les arbres absorbent le dioxyde carbone rejeté par les industries, les véhicules, etc… et le transforme en oxygène qui permet à l’Homme de vivre. Par cette séquestration du dioxyde de carbone, les arbres freinent la propagation des gaz à effet de serre, et donc la détérioration de la couche d’ozone. Dans le rapport de sa 26ème session tenue en 2022, le FAO souligne que les forêts permettent de réduire de 11% les émissions annuelles totales de dioxyde de carbone. Tout en restaurant la fertilité des sols pour les pratiques agricoles, l’afforestation et le reboisement permettent aussi de restaurer la biodiversité faunique perdue car les animaux ont eux aussi une incidence positive sur l’équilibre climatique.
Combien de temps faut-il à une plantation forestière pour qu’elle séquestre du carbone ?
Si l’on considère tout le cycle de vie de l’arbre, c’est-à-dire de la germination à la décomposition du bois mort, l’arbre séquestre autant de dioxyde de carbone qu’il n’en rejette ; autrement dit, tant que l’arbre est en vie, la séquestration du carbone est en cours. De façon plus précise, il faut en moyenne 5 ans après avoir été plantés pour que les arbres atteignent leur maturité et soient au top de leur performance en termes de séquestration de carbone ; les jeunes semis emprisonnent moins de carbone que leurs voisins plus massifs et plus fournis en feuillage surtout. Notons aussi qu’un arbre par an peut séquestrer entre 10 et 40 kg de dioxyde de carbone.
Est-ce-que tous les arbres jouent le même rôle ? Autrement dit quels sont les préalables ?
Dans une forêt, tous les arbres n’ont pas la même capacité à absorber du dioxyde carbone. En effet, les arbres séquestrent du carbone à travers plusieurs réservoirs. Il s’agit des racines, du tronc, des feuilles et des branches. Cependant, cette séquestration est faite à différentes échelles. De plus, les forêts ou les espaces verts comprenant plusieurs essences d’arbres sont plus performants que ceux qui sont moins diversifiées. Selon une étude publiée dans la revue Nature, plus les arbres sont vieux, plus ils captureraient du dioxyde de carbone dans l’atmosphère afin de poursuivre leur croissance ; cependant il est conseillé de planter des jeunes arbres afin d’assurer la régénération. Notons que d’autres arbres qui n’ont pas un fort pouvoir de séquestration de carbone jouent un rôle important pour la pharmacopée.
Comment jugez-vous les activités d’afforestation et de reboisement au Cameroun et dans le Bassin du Congo ?
Des initiatives sont mises en place au Cameroun et dans le Bassin du Congo afin de promouvoir l’afforestation et le reboisement. Le reboisement au Cameroun fait partir des politiques environnementales de l’Etat, et est aussi d’une importance capitale pour les organismes et les partenaires. Le reboisement au Cameroun ne date pas d’aujourd’hui, il remonte à plusieurs années avec la mise en place du Comité Provincial de Lutte contre la sécheresse, permettant ainsi la plantation d’arbres à l’Extrême-Nord afin de repousser l’avancée du désert. Plus encore, avec le Bonn Challenge, l’objectif fixé a été celui de restaurer à travers le monde 150 millions d’hectares de terres dégradées et déforestées entre 2011 et 2020 ; mais cet objectif a évolué, passant ainsi à 350 millions d’hectares, dont 100 millions d’hectares en Afrique (projet AFR100). Les pays du Bassin du Congo ont exprimé leur engagement à cette initiative, et au niveau national le Cameroun s’est engagé à restaurer 25% de ses paysages. Aussi, avec les changements climatiques, des organismes internationaux ont exercé des activités de reboisement dans plusieurs localités du pays, notamment à Tonga dans l’Ouest du pays, à Mbalmayo dans le Centre, etc … . Il est aussi important de rappeler qu’en ses articles 86 et 87 de la loi forestière N° 2024/008 du 24 Juillet 2024, le Cameroun promeut la restauration des zones forestières exploitées à travers la régénération forestière. Les initiatives en matière de restauration des paysages ne cessent de naître dans le Bassin du Congo. Ainsi, au Cameroun, le projet UFA-Reforest ou Reboisement dans les Unités Forestières d’Aménagement, en français, a débuté en 2022, et ce pour une période de 4 ans. Il s’agit d’un projet visant à contribuer à la gestion durable des forêts de production de bois d’œuvre du Cameroun en mobilisant les acteurs du secteur privé et public. Toujours au Cameroun, l’Association des Communes Forestières du Cameroun a reboisé en 2019, 4000 hectares de terrain dans les savanes et les zones de transition. Cette activité rentre dans le cadre du projet de reboisement de 18 communes à travers le territoire national. Tandis que du 2 au 5 juillet 2024, s’est tenue à Brazzaville la toute première Conférence Internationale sur l’afforestation et le reboisement des forêts du Bassin du Congo, évènement durant lequel a été présenté le nouveau programme pour les forêts, le développement, le climat et la biodiversité du Bassin du Congo. Toutes ces initiatives sont à féliciter et à multiplier, quand on sait que le Bassin du Congo est le deuxième poumon de la planète et fait face à de multiples menaces. La lutte contre les changements climatiques repose en majeur partie sur la préservation de cet écosystème essentiel pour l’Homme. Il faut rajouter que les Gouvernements devraient de plus en plus implémenter des initiatives pareilles sur l’étendue du continent, tout en promouvant le bien-être des peuples autochtones.
Like
Dislike
Angry
Sad
Funny
Wow
Travaux scientifiques : comment améliorer l’utilisation des résultats coince
21/09/2024Plan d’occupation des sols : Arme contre l’accaparement des terres
30/03/2024
Commentaires 0