Au cours d’un webinaire avec des journalistes scientifiques, la Camerounaise Clémentine Ndomo,
pédologue, a expliqué qu’avec l’hévéa, l’arachis pintoi et la bouse de bœuf, les sols acidifiés par les
métaux lourds utilisés pour l’extraction des mines se reconstituent en perdant le taux d’acidité.
L’hévéa peut aider à l’amélioration de la fertilité des sols sur les anciens sites d’exploitation minière, selon Clémentine Elisée Ndomo Manga, pédologue, par ailleurs ingénieur en sciences environnementales. Mme Ndomo qui a présenté les résultats de sa recherche pour sa thèse de doctorat au cours d’un webinaire organisé par l’antenne camerounaise du Réseau des journalistes scientifiques d’Afrique francophone (RJSAF) en collaboration avec le JNMAP et le RJACC-Kamer, recommande cependant de : « étudier la biologie du sol, d’étudier les métaux, d’expérimenter en champs avec des arbustes et autres fertilisants locaux, d’évaluer l’impact du stockage du carbone par les plantes utilisées et leur effet climatique ».
En fait, Clémentine Elisée Ndomo Manga a pris quatre mois (août à décembre 2024) pour fournir ce qu’elle appelle « base des données pour l’amélioration de la fertilité des sols sur les anciens site d’exploitation minière. Dans le cadre de ses travaux de thèse de doctorat, la pédologue, par ailleurs ingénieur en sciences environnementales a effectué ses travaux dans les départements du Lom et Djerem, chef-lieu Bertoua (à Bétaré-oya) et de la Kadey, chef-lieu Batouri. L’observation s’est faite sur treize sites dont trois témoins et un pour l’expérimentation. « Le but du travail, selon l’auteur était d’évaluer l’impact de l’exploitation minière sur les sols et d’améliorer leur fertilité. » Le potentiel d’hydrogène (PH) qui était de 4,1 (milieu très acide) est passé à 6,20 (milieu presque neutre) après l’expérience. Des améliorations ont aussi été observées pour ce qui est de la concentration du calcium, du potassium, du magnésium, etc. Avec l’hévéa, culture de rente, la doctorante a procédé à quatre essais : le premier a consisté à planter l’hévéa sur un sol simple, pour le deuxième, elle a enrichi la bouse de bœuf terre avec la; au troisième, elle a planté l’hévéa avec l’arachis pintoi (mycorhize) et au quatrième essai, elle a amandé le sol avec la bouse de bœuf et l’arachis pintoi. Les analyses au laboratoire ont montré que les métaux lourds (le mercure et le cyanure) présents dans le sol après l’exploitation minière ont pu être absorbés.
La disparition de tout un village, Kambélé 3, non loin de Batouti

Clémentine Ndomo
La disparition de tout un village, Kambélé 3, non loin de Batouti
Elisée Ndomo Manga soulève une question cruciale au Cameroun et en Afrique. Car, comme elle-même s’interroge : « Tout le monde parle de la dégradation des sols du fait de l’exploitation minière mais quelles solutions sont apportées à ce problème ? »
En effet, les localités abritant des sites minés (or) présentent un aspect hideux pendant et après l’exploitation. Des trous profonds et béants, qui régulièrement engloutissent des citoyens riverains. L’on a récemment décrié la disparition de tout un village, Kambélé 3, non loin de Batouti. Des populations chassées et humiliées, une chefferie traditionnelle contrainte de déplacer avec toute sa mémoire perdue, un chef obligé d’aménager loin de ses sujets, des populations empoisonnées par la pollution et les métaux lourds. Une situation récurrente dans les villages et villes miniers provoquant des tensions foncières étant donné qu’il devient impossible pour les populations de mener des activités agricoles sur ces milieux pollués par des métaux lourds, le mercure et le cyanure, abusivement utilisés par des mains inexpertes. C’est la raison pour laquelle Mme Ndomo propose l’étude du sol et des métaux qui s’y trouvent.
Restaurer 12 millions d’hectares de terre dégradée d’ici 2030

La doctorante propose une méthode qui permet à la population d’améliorer leurs revenus tout en aidant à l’amélioration de la fertilité du sol. « L’hévéa aime les sols pauvres et je voulais proposer une plante à portée économique car lorsque quelqu’un pense qu’il va vendre son caoutchouc, il travaille sans même savoir qu’il contribue à la restauration des sols », a-t-elle indiqué.
Le Cameroun compte restaurer 12 millions d’hectares de terre dégradée d’ici 2030, un engagement pris en 2017 dans le cadre du partenariat de Bonn. Il a été le tout premier pays à faire une telle promesse qui vise à accroître la biodiversité, à améliorer la sécurité alimentaire et hydrique à lutter contre le changement climatique et la désertification, et à générer des avantages économiques.
Seulement, Clémentine Elisée Ndomo M. a affirmé n’avoir noté aucun intérêt de la part des
différentes autorités ministérielles et communales qu’elle a approchées avec sa recherche. Une recherche qui aussi bien servir pour répondre à la question de restauration des terres même hors des sites miniers.
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