Parti de son Ndunga Mantum natal, dans la région du nord-ouest, le jeune cultivateur se bat pour son intégration à Nanga-Eboko dans le Centre.
Parti de son Ndunga Mantum natal, dans la région du nord-ouest, le jeune cultivateur se bat pour son intégration à Nanga-Eboko dans le Centre.
Depuis 2016, Kenneth Jigem, natif du département du Donga Mantung, dans la région du nord-ouest, s’est établi dans un village de l’arrondissement de Nanga-EBoko, région du Centre. Quelques mois avant le début de la crise socio-politique baptisée « crise anglophone ». Il obtient trois hectares de terrain auprès du chef du village. « Le terrain m’a été vendu à 70.000Fcfa l’hectare. Comme mes moyens ne me permettaient pas de payer tout cela en espèces, j’ai complété en débroussaillant une parcelle de terre du vendeur. Mais, je dois encore compléter les frais pour l’abandon des droits coutumiers et la nourriture de la famille », renseigne ce dernier.
Pour Kenneth Jigem qui est devenu « l’ambassadeur » de sa communauté dans l’arrondissement de Nanga-Eboko et qui a participé à l’atelier de formation des formateurs sur l’élaboration des Plans d’occupation des sols, « C’est un grand privilège d’être ici aujourd’hui. C’est le deuxième atelier auquel je participe après celui qui avait été organisé à Ntui sur le titre foncier. Ce sont des occasions d’apprentissage très déterminants qui nous permettent de repartir avec ce que nous pouvons partager avec nos frères », affirme-t-il. « Nous sommes une trentaine dans ce village qui est notre nouvelle terre, venus d’un même village. Nous produisons le maïs et nous nous sommes lancés dans la culture du cacao. Nous avons plusieurs défis à relever. Ce qui fait qu’il y a des frères qui sont arrivés à vouloir revendre leur parcelle pour aller s’installer ailleurs. Mais je leur demande souvent s’ils pensent pouvoir trouver ce paradis qu’ils recherchent là-bas étant donné que ma tentative dans le Mbam et Inoubou et le Mbam et Kim n’a pas marché. Mon argent m’a été rétrocédé à cause des mésententes entre les propriétaires du terrain »..
C’est dire que tout n’est pas rose pour lui et ses frères « anglophones » « Le manque de main d’œuvre ; étant donné que tout le monde est occupé par ses champs, nous prenons beaucoup de temps pour cultiver et au moment où nous semons, la période n’est plus favorable pour le développement du maïs, par exemple. Conséquence, le rendement ne suit pas tandis que le propriétaire terrien qui attend l’argent de la location de la parcelle n’accepte pas de moratoire », déplore-t-il. Une autre difficulté, pas des moindres, réside dans l’acceptation et l’adaptation. « La mentalité de certains fils et filles du village qui pensent que, comme nous ne sommes pas du coin, nous ne devons pas bénéficier de certains privilèges. Cela tend à nous décourager, or nous pensons que les maisons que nous construisons et les champs que nous créons contribuent énormément au désenclavement et au développement du village et aucun de nous n’ira dans le Donga Mantung avec cela », dénonce Kenneth.
Kenneth Jigem entrevoit cependant l’avenir avec optimisme. « Les leçons apprises au cours des ateliers comme celui-ci nous éclairent et l’école bilingue créée il y a quelques années va aider les enfants à se former sur le vivre ensemble. On pourra envisager un avenir radieux dans la cohabitation des Camerounais », se flatte celui qui lance un appel en direction des autorités, des populations et des rebelles pour l’arrêt des hostilités. « Je vais presque chaque année au village dans le nord-ouest mais avec la peur », signale-t-il.
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