Atteintes de ces deux maladies, elles sont actuellement en voie de rémission.
Par Sintia Dounang
Atteintes de ces deux maladies, elles sont actuellement en voie de rémission.
Par Sintia Dounang
« Soyez forte, votre maladie est en phase terminale ». C’est le verdict du médecin après l'analyse des résultats de Mireille Ongolo, suite au traitement qu’elle a suivi contre le cancer du col de l’utérus. Charlotte Mireille, 45 ans, a traversé une épreuve incroyable. Tout commence alors qu'elle n'était qu'âgée de 37 ans, lorsqu’elle apprend qu’elle souffre du cancer du col de l’utérus. Mère d'un garçon à 32 ans, cette annonce est un choc.
Le diagnostic de la maladie se fait lorsqu’elle envisage de concevoir le deuxième enfant. Charlotte se rend à l'hôpital pour des examens préalables. Lors de son rendez-vous, la sage-femme a des difficultés à effectuer un prélèvement. « Votre col baigne dans du sang », déclare-t-elle. Charlotte, bien que ne ressentant pas de douleur, insiste pour avoir une photo de son organe reproductif. Ce moment, bien que troublant, lui paraît anodin.
De retour chez elle, elle déclare avoir commencé à ressentir des symptômes étranges. « Mon corps est froid, j’ai des maux de tête persistants. Environ un mois plus tard, des écoulements anormaux commencent à se manifester. Mes règles deviennent irrégulières et abondantes, et une odeur désagréable commence à se dégager », confie-t-elle.
Inquiète, la jeune femme se rend de nouveau à l'hôpital dès le lendemain. Après plusieurs frottis dans différents établissements, le verdict tombe. Choquée, elle part, le cœur lourd. Une fois chez elle, elle fond en larmes, face à une réalité qu'elle n'aurait jamais imaginée. Dans cette situation, Charlotte se rend à l’évidence que le silence n'est pas une option. Elle partage son histoire avec ses proches. Au fil du temps, Charlotte commence à perdre du poids et ses cheveux. « Je suis devenue l’ombre de moi-même », dit-elle. Avec la maladie qui évolue, elle attend désespérément les résultats de ses examens pour commencer un traitement. Une fois le cancer confirmé, son taux de globules rouges est trop bas pour débuter la chimiothérapie. Les transfusions sanguines sont essentielles, mais le manque de donneurs complique la situation. Aujourd'hui, Charlotte est en vie, huit ans après ce diagnostic accablant. Elle a survécu à plus de 15 chimiothérapies et 46 séances de radiothérapie. « Nous, les malades, avons besoin de votre amour, de votre soutien, de votre attention », insiste-t-elle. « Les médecins me donnaient maximum sept mois à vivre. Mais je suis encore là. Si je n'avais pas alerté mon entourage, je ne pense pas que je serais encore en vie », poursuit-elle.
Le parcours de Mireille, témoignage de résilience, ne court pas les rues. Un témoignage similaire est celui de Alicia Mekeng, en rémission du cancer du sein.
Agée de 34 ans et mère de trois enfants, Alicia partage son expérience. Tout commence en juin 2020. Alors âgée de 29 ans, elle ressent une boule discrète dans son sein gauche. Etant enceinte elle l’attribue d’abord à la grossesse. « Pour moi le cancer, c’était une histoire de vieilles femmes. Je ne me sentais pas concernée. Enceinte de quatre mois déjà, je n’y ai pas véritablement prêté attention », confie-t-elle. Seulement, après l’accouchement, la boule a persisté, autour du sixième mois. « La gynécologue m’a conseillé de sevrer l’enfant pour pouvoir faire les examens », dit-elle. Une série d’examens a donc été faite, couronnée par une biopsie en mars 2022, qui confirme qu’il s’agit du cancer du sein.
Le choc de la jeune femme, a été immense. « J’ai pensé à tout ce qui est négatif. Je regardais mes enfants, mon mari, ma famille… et je pleurais à chaudes larmes », se rappelle Alicia, la voix encore empreinte d’émotion. L’annonce a été un tsunami, balayant ses projets d’avenir. Le soutien indéfectible de son époux, de sa famille et de ses proches, a été crucial pour traverser cette épreuve. Dès cet instant, le parcours d’Alicia est devenu un marathon de traitements : chimiothérapie, chirurgie, etc.
Aujourd’hui, ces deux femmes sont engagées dans des associations de lutte contre les cancers.
Ces histoires illustrent une réalité alarmante. Selon l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), une femme sur huit est concernée par le cancer du sein. Pour le Comité national de lutte contre les cancers, 10 femmes meurent chaque jour des suites d’un cancer du sein. Au Cameroun, le nombre de victimes de cette maladie est progressif, selon le bulletin épidémiologique de 2023 du ministère de la santé publique. 14 141 cas ont été diagnostiqués en 2022 avec 24 cas confirmés. 3 041 cas diagnostiqués en 2023 avec 37 cas confirmés. En ce qui concerne les décès, le Littoral a enregistré, en 2023, 22 décès sur les 167 cas suspects. Elle devient ainsi la région la plus touchée devant l’Ouest, qui a enregistré 11 décès sur les 200 cas suspects.
Durant le mois d’octobre rose, des initiatives sont prises par des associations et autres organismes, pour promouvoir la prévention et le dépistage précoce. C'est le cas de l’Association Evidence Media, qui a, à travers son concept « Energie rose », sensibilisé sur le cancer du sein dans la ville de Yaoundé. C’est également le cas du projet « Combattre le cancer du col de l'utérus en clinique et en communauté » (C3U3), qui a tenue à Yaoundé un ensemble d’actiités autour de ces deux cancers, dont une journée de sensibilisation, intitulée « sport-santé-loisirs » le 26 octobre.
Selon le Dr Sandrine Nyotue, coordonnatrice du projet C3U3, les principaux facteurs de risque du cancer du sein sont : les prédispositions génétiques, le tabagisme, la sédentarité et l'obésité. Pour elle, «l'idéal serait de modifier ces facteurs sur lesquels la femme peut avoir un impact. Par exemple, elle peut commencer à pratiquer une activité physique régulière, arrêté de fumer ». Par ailleurs, les spécialistes mettent l’accent sur le diagnostic tardif, souvent dû à une méconnaissance de la maladie et à la peur de consulter.
Dr Fonkou Arielle: "En se faisant dépister tôt, on peut guérir"
Médecin résidente en oncologie médicale, elle revient sur les principaux facteurs de risque du cancer du sein et du col de l’utérus, leurs manifestations ainsi que les bons gestes à adopter
Par Sintia Dounang
Dr Fonkou Arielle
Quelle définition peut-on donner au cancer du sein et qu'en est-il du cancer du col de l'utérus ?
Le cancer peut être défini comme étant une tumeur maligne de la glande mammaire résultant de la multiplication anarchique et incontrôlée des cellules dont la fonction est de sécréter le lait. Et le cancer du col est défini comme étant une tumeur maligne issue de la multiplication anarchique des cellules de la muqueuse qui recouvre le col de l'utérus dont la très grande majorité est liée à l’infection au virus HPV (Human papilloma virus).
Ils se manifestent, de façon générale, pour le cancer du col de l'utérus par des saignements per vaginaux anormaux intermittents, des douleurs pelviennes, des troubles urinaires, des œdèmes des membres inférieurs à un stade très avancé. Pour le cancer du sein, il se manifeste de nombreuses manières mais d'une manière générale on peut retrouver souvent un mamelon ombiliqué, un aspect de « peau d'orange sur le sein », un nodule du sein, des écoulements sanguinolents et des douleurs sur le sein. Ce sont des signes qui doivent alerter et amener la patiente a la consultation afin de bénéficier des conseils et d'un suivi conséquent.
Au Cameroun, ce sont les deux cancers gynécologiques les plus fréquents touchant la femme. On dénote environ 2 770 nouveaux cas pour 1 787 décès, selon Global Cancer Observatory 2022 (Globocan). Pour le cancer du sein, l’on a enregistré 4 207 nouveaux cas pour 2 285 décès selon le Globocan 2022. Avec un taux de mortalité encore assez élevé, ce qui représente un véritable problème de santé publique.
Quels sont les facteurs de risque des cancers du sein et du col de l’utérus ?
Il existe des facteurs de risque qui sont nombreux et variés. On peut retrouver, comme facteurs prédisposant au cancer du col, les infections sexuellement transmissibles fréquentes, les rapports sexuels précoces, la multiplicité des partenaires sexuels; la grande multiparité (plus de 5 enfants); l'immunodépression; la prise de contraceptifs oraux à long cours; l'obésité; le tabac et l'alcool. Quant au cancer du sein, les facteurs prédisposant sont les facteurs génétiques, le tabac, l'alcool, la prise de traitements hormonaux substitutifs, avoir des premières règles précoce et la ménopause tardive sont autant de facteurs pouvant expliquer la survenue du cancer du col de l'utérus ou du cancer du sein
Une fois atteint, quel est le processus de prise en charge?
Une fois le diagnostic posé, il est important de classer le malade et déterminer le stade du cancer car le traitement en dépend beaucoup. Il faut aussi savoir que dans les deux cancers, la prise en charge est multidisciplinaire c'est à dire qu’elle va faire intervenir plusieurs spécialistes à un moment donné qui se donnent rendez-vous en réunion de concertation pluridisciplinaire afin de décider de la meilleure prise en charge pour le patient. Il s'agira à des stades localisés de réaliser une chirurgie, à d'autres stades on pourra réaliser une chimiothérapie avant de revenir faire une chirurgie, ou alors on a d’autres stades où l’on pourra être amené à faire une radiothérapie c'est à dire qu’il faudra irradier (envoyer des rayons sur la tumeur afin de détruire les cellules cancéreuses).
Que coûte la prise en charge au Cameroun?
De façon globale la prise en charge va dépendre du stade d'évolution de la maladie et du patient en lui-même. Il serait donc difficile de se prononcer et de donner un coût spécifique mais en fonction de chaque patient on pourra établir un coût financier nécessaire pour le suivi et la prise en charge des patients.
Quels sont les bons gestes pour prévenir ces cancers ?
Il existe des facteurs modifiables sur lesquels on peut agir et des facteurs non modifiables de cancer sur lesquels on ne peut pas agir. Pour ce qui est des facteurs modifiables sur lesquels on peut agir, il s'agira de lutter contre l'obésité en pratiquant une activité physique régulière, de consommer moins d'aliments riches en graisse mais consommer plus de fruits et légumes, d'éviter de fumer, de ne pas consommer de l'alcool, d'éviter la consommation de contraceptifs au long cours, de faire des visites de contrôle régulièrement chez le médecin; de faire des frottis cervicaux une fois par an. La vaccination contre le HPV chez les filles d’âge compris entre 12 et 15 ans avant tout rapport sexuel est recommandée dans la prévention contre le cancer du col; et de faire des dépistages réguliers soit échographie ou mammographie de dépistage chaque année.
Nous recommandons que, quel que soit le cancer, c'est une pathologie qui, si elle est dépistée tôt on peut en guérir.
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