Réunis à Yaoundé du 29 au 31 octobre à l'occasion de la 2ème édition du YOFAFA, ils ont aussi demandé un renforcement du partenariat public privé.
Par Adrienne Engono Moussang
Réunis à Yaoundé du 29 au 31 octobre à l'occasion de la 2ème édition du YOFAFA, ils ont aussi demandé un renforcement du partenariat public privé.
Par Adrienne Engono Moussang
Cent cinquante jeunes leaders de 35 pays africains, se sont retrouvés du 29 au 31 octobre 2024, à Yaoundé, pour la deuxième édition du Forum sur le financement de l'adaptation en Afrique (YOFAFA). Une initiative portée par la Coalition africaine pour l'énergie durable (ACSEA) et l'Alliance panafricaine pour la justice climatique (PACJA), placée sous le patronage du ministère de l'Environnement, de la Protection de la nature et du Développement durable.
Parmi les participants, Idriss Adoum. Venu du Tchad, le jeune leader, chargé du plaidoyer et sensibilisation de YOFAFA et le Réseau des jeunes pour le climat en Afrique, demande une action urgente pour rendre l'énergie accessible à toutes les couches de la population, surtout les plus reculées de l'Afrique. Idriss Adoum a une histoire triste qui lui taraude l'esprit : celle du décès de son père qui na pas pu bénéficier d'une prise en charge adéquate faute d'électricité dans la formation hospitalière qui l'avait accueilli. « Il n'y avait pas moyen de faire des examens comme les scanners qui avaient été prescrits par les médecins et l'on nous a proposé de transporter papa à l'hôpital de référence qui n'était certes pas très éloignée de là ; mais, le faire, selon les médecins était courir plus de risque. Il fallait attendre sur place. Malheureusement, il est décédé », narre le jeune homme.
« La campagne 6/30 est importante et cest elle qui m'a galvanisé parce que je sais que si à travers celle-ci, il y a une levée de fonds, cet argent va permettre de fournir de l'énergie même aux zones les plus reculées et de lutter ainsi contre les décès dus au manque d'électricité dans les hôpitaux », se réconforte-t-il. Selon ce dernier, les Tchadiens, à cause du faible taux délectrification (6,34%) par la société distributrice, se débrouillent avec les gadgets d'énergie renouvelables qu'ils achètent sur le marché. Une chose pas aisée à cause du pouvoir d'achat très bas des citoyens de ce pays d'Afrique centrale qui compte 17 millions dhabitants, environ. I. Adoum a déjà remis la déclaration de Yaoundé à la délégation de son pays attendue à la 29e Conférence des parties sur les changements climatiques (COP29), bien que participant lui-même à ce rendez-vous. Ceci après avoir touché les autorités locales. « Dans ma région, zone très affectée par le changement climatique, j'ai remis la déclaration au secrétaire du gouverneur », confie-t-il. Il insiste pour demander à chaque jeune de remettre une copie de la déclaration de Yaoundé aux négociateurs de leur pays pour qu'elle soit présentée lors de la Cop29 afin que le « Yaoundé Call » ait un écho plus retentissant qu'à la Cop28.
Idriss Adoum
Dans une déclaration unanime, les 150 participants ont appelé à des mesures audacieuses pour répondre aux besoins croissants en matière d'adaptation climatique « là et maintenant ». Ils demandent plus que le double du financement de l'adaptation, une amélioration de l'accès aux financements, et la promotion de la transparence dans les projets d'adaptation.
Les jeunes leaders ont également insisté sur l'importance d'augmenter le financement pour les projets d'accès à l'énergie propre, efficace et durable, de simplifier l'accès aux fonds pour les initiatives portées par des jeunes, et de soutenir le développement de compétences en matière de finance climatique. Selon eux, les pays industrialisés doivent s'engager à fournir une part équitable du financement climatique mondial pour répondre aux besoins spécifiques de l'Afrique.
Contexte et Objectifs du Forum
Le changement climatique représente une menace pour l'Afrique. Cependant, la hausse des prix de l'énergie et des denrées alimentaires aggrave les risques d'insécurité alimentaire et d'accès à l'énergie, en particulier dans les zones rurales. C'est dans ce contexte que le YOFAFA 2024 a été organisé, en vue de renforcer la résilience des jeunes, face aux impacts du changement climatique. Dr Augustine B. Njamnshi, directeur exécutif de la Coalition africaine pour l'énergie durable, souligne l'importance pour la jeunesse de maîtriser les secrets du financement climatique. Selon lui, 579 milliards USD seront indispensables pour l'adaptation d'ici 2030. Cependant, entre 2019 et 2020, le financement de ladaptation en Afrique a été limité à seulement 11,4 milliards USD par an, bien en deçà des besoins estimés.
Le forum offre ainsi une plateforme pour outiller les jeunes sur les modalités de recherche de financement climatique, maillon essentiel pour l'adaptation.
Le YOFAFA 2024 s'inscrit dans une dynamique essentielle pour mobiliser la jeunesse et les impliquer activement dans les discussions sur l'adaptation au changement climatique. Ceci, en leur fournissant des outils et des connaissances nécessaires.
Dr Caroline Akumbong: "Nous rencontrons des maladies qui n'existaient plus ou qui n'ont jamais existé"
Dr Caroline Akumbong
Médecin de santé publique en exercice depuis 18 ans et membre de la Coalition africaine pour l'énergie durable, elle se convainc de ce que la prise en compte des changements climatiques reste incontournable pour la lutte contre les maladies aujourd'hui.
Pourquoi pensez-vous que changement climatique et santé vont ensemble ?
Je suis médecin de santé publique avec 18 ans d'expérience. Au cours d'une consultation, j'ai rencontré un patient qui m'a parlé des changements climatiques. J'ai été très intéressée par la thématique. Ce dernier m'a encouragée à suivre une formation sur les changements climatiques, précisément sur les négociations climat lors des conférences des parties sur les changements climatiques. Après cette formation, j'ai participé à la Cop en Egypte. Mais à cause de mon agenda chargé, je n'ai pas pu aller à la Cop 27. J'ai continué à suivre les discussions sur le climat en ligne, des recherches et des lectures. J'ai commencé à voir et reconnaître les effets des changements climatiques dans la pratique de mon métier.
Quest-ce que vous avez donc découvert ?
Nous constatons que parfois les malades ne se rendent pas à l'hôpital, à leur rendez-vous parce qu'à cause des effets du climats (inondations, par exemple), ils ont été déplacés. Nous pouvons regretter le fait que les aspects de la santé mentale ne soient pas toujours pris en compte ; imaginez une personne qui vient de perdre toute sa récolte à cause de la variation du climat qui arrive à l'hôpital avec une schizophrénie. Les changements climatiques peuvent modifier le comportement de certains agents pathologiques ; nous rencontrons des maladies qui n'existaient plus ou qui nont jamais existé. Quand nous regardons le contexte africain, beaucoup de villes font face à la pollution plus que par le passé. Parfois, nous ne connaissons pas l'impact réel de cette pollution de notre environnement. Les aliments sont transportés dans des conditions d'insalubrité et on voit des jeunes souffrir des cancers. L'étiologie des maladies nest plus la même qu'avant. J'invite le personnel médical à prendre en compte les changements climatiques dans leur approche parce que cela leur permet de comprendre mieux l'étiologie de la pathologie et ça les aide à bien prendre en charge les patients, précisément les problèmes mentaux de ceux qui sont obligés de quitter leur domicile à cause des changements climatiques. Si le traitant ignore ces réalités, il peut banaliser la situation.
Que pensez-vous de la réponse du système de santé face aux changements climatiques ?
Je peux dire que les changements climatiques ne sont pas encore bien ancrés dans le système de santé africain, si je m'en tiens à ce qui se passe au Cameroun. Les informations pouvant aider les décideurs à poser des actes ne sont pas suffisamment mises à leur disposition. Le système de santé c'est un ensemble de personnes et d'organisations qui agissent pour la santé des citoyens. Il y a donc plusieurs composantes : le gouvernement, le personnel soignant et autres. Au niveau du gouvernement, la majorité de ceux qui prennent des décisions peuvent ignorer les changements climatiques et par conséquent, les décisions peuvent ne pas être adéquates. Nous avons des disponibilités réduites à tel point qu'en cas de crise, il n'y ait pas moyen de prendre en charge les victimes. D'autre part, dans les zones reculées où les impacts sont plus considérables, il n'y a pas d'équipements pour la riposte. L'accès à l'énergie est une difficulté cruciale ; s'il n'y a pas d'énergie, rien ne peut véritablement marcher. Au Cameroun, un bon nombre de patients se trouvent en zones rurales ; si l'on n'a pas de réfrigérateur, par exemple, où est-ce qu'on va garder les vaccins, les sérums antivenimeux, si quelqu'un est mordu par un serpent ? même si nous avons ces produits, est-ce qu'ils sont conservés à une température normale ? Nous avons eu beaucoup de stocks de vaccins qui se sont abîmés à cause du manque d'électricité, à cause de la rupture de la chaîne de froid.
Qu'y a-t-il lieu de faire, à votre avis ?
Nous devons être résilients. La résilience concerne tout le monde : le gouvernement, les personnels de santé qui vont rencontrer beaucoup de stress à cause des changements climatiques et verront leurs performances baisser. Prenons le cas du vaccin antirabique qui, s'il n'est pas bien conservé devient inactif et face à un cas de rage, les efforts du soignant seront vains. S'il n'y a pas d'énergie dans une formation sanitaire, peut-on avoir accès à l'eau ? Si vous devez vous faire opérer et qu'il n'y a pas d'électricité… Les changements climatiques sont un système. Ils ne s'arrêteront, ni aujourd'hui, ni demain. Ils n'affectent pas seulement les pauvres ou les riches. Mais tout le monde.
Freddy Kloran Sardou Ukpong, Psychologue, Secrétaire général de l'Association jeunesse environnement et climat (JEC) - Cameroun
« Le YOFAFA était le lieu pour nous jeunes activistes de proposer des stratégies pour faciliter l'accès aux financements et aux fonds, de penser à des projets porteurs pour l'avenir et de poser des plaidoyers pour faciliter la mise à disposition d'un budget conséquent en fonction des crises et des risques que subi l'Afrique suite aux changements climatiques ».
Freddy Kloran Sardou Ukpong
Nabara Denise Bamben, ingénieur agronome - Togo
« C'était une opportunité de réseautage pour nous afin de tisser des liens de partenariat et de coopération avec les organismes africains. Un cadre d'information et de communication idéal sur les questions en lien avec le climat et l'environnement. Après cette étape, il est maintenant question pour nous de prendre conscience plus qu'hier, de s'engager plus que jamais afin que l'Afrique reçoive ce qui lui est de droit; mais aussi, d'engager les jeunes à suivre ce mouvement afin de protéger notre planète de manière générale et notre continent plus particulièrement ».
Nabara Denise Bamben
THE AFRICAN YOUTH FORUM ON ADAPTATON FINANCE (YOFAFA 2024)
Yaoundé Cameroon 29th to 31st October, 2024
***
From the 29th to the 31st of October 2024 150 young leaders from 35 African countries met in Yaoundé, Cameroon, for the Second Forum on Adaptation Finance in Africa (YOFAFA 2024).
Haven deliberated on the growing impacts of climate change in Africa, the urgency of adapting to these impacts and the widening adaptation finance gap;
Noting the significant yet grossly underfunded role that energy access must play in building adaptive capacities and resilience in the region;
Concerned about the consequences of inaction on livelihoods, critical sectors and economies as highlighted by numerous reports;
Call out parties to the UN frame work convention for putting the future of African youth in the current and future generation at greater risk, demand bold and urgent actions to address the growing adaptation needs in Africa
Recall and reaffirm “The Yaoundé African Youth Call on More than Doubling Adaptation Finance for a Resilient Africa” issued during the Inaugural Youth Forum on Adaptation Finance in Africa that took place from the 16th to 18th November 2023 and the following demands contained in it:
Rally behind the six30 campaign which aims to mobilize and enlist public and private donors to substantially increase funding and investments in renewable energy projects across the continent by investing $630 billion to get 630 million people in Sub-Saharan Africa out of darkness by 2030.
In this respect;
We demand that industrialized countries and other big polluters, working with African leaders and other stakeholders, take the following urgent steps to meet this objectives:
This statement is unanimously endorsed by all participants of the Second Youth Forum on Adaptation Finance in Africa that was held in Yaoundé, Cameroon, from 29th to 31st October 2024.
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