Lors d’une conférence de presse le 13 novembre dernier à Yaoundé, les fils et filles des villages Apouh à Ngong, Dehane, Ongue et Koukoue ont dénoncé des violations de leurs droits par cette agro-industrie qui multiplie des promesses non-tenues. Sur la question, la société avait soutenu qu’elle n’exerce que dans le respect de la réglementation.
Par Adrienne Engono Moussang
Un rapport réalisé avec l’appui du Réseau des acteurs du développement durable (RADD) sur les abus dans les villages riverains de la Société camerounaise des palmeraies (SOCAPALM), a été publié le 25 septembre 2024. Celui-ci est le résultat d’une étude réalisée à Apouh à Ngong, Dehane, Ongue et Koukoue quatre villages du département de la Sanaga maritime, région du Littoral. Ce rapport a été présenté aux journalistes le 13 novembre dernier à Yaoundé, au cours d’une conférence de presse. L’étude a pour objectif de sensibiliser les pouvoirs publics sur les cas de violation de droits subis par les riverains.
D’après l’étude, 96,84% des communautés indiquent que, du fait de la non-réalisation des promesses qui leur sont faites, les relations avec la SOCAPALM ne sont pas bonnes. Yvan Lionel Youmsi Eya, juriste précise : « Nous avons constaté qu’il y avait une violation des droits. L’enquête a été menée selon une méthodologie quantitative sur 141 personnes. 51% d’homme et 49% de femmes. Les populations les plus jeunes ont été moins ouvertes sur la situation avant la SOCAPALM. Pour les plus âgés, la situation était bonne avec l’accès aux terres et aux ressources (93%) ».
« Par ailleurs, ajoute le juriste, les déchets déversés dans l’eau entraînent la disparition de la biodiversité et la difficulté pour les populations à se nourrir.
Les rapports avec la SOCAPALM sont tumultueux. Certains villages n’ont que 5% d’espace vital. Elles n’ont pas le droit d’accéder aux plantations ou de ramasser la moindre noix de palme de peur d’être traîné en justice.
88% de personnes ignorent le contrat de bail et 98% n’y trouvent aucun intérêt. Il n’y a pas de terres cultivables. Lorsqu’elles existent, il faut aller les trouver à 17 kilomètres, payer une moto à 3000 Fcfa au moins, pour se faire transporter et pouvoir rentrer avant 17 h, de peur d’être bloqué dans son champ par la barrière de l’agro-industrie. »
Bidime Bidime, Marie Cresence Ngobon, Raissa Feyo, Dieudonné Minoue Minoue, entre autres, venus des quatre villages abondent dans le même sens. Ceux-ci ne s’opposent pas à la présence de la SOCAPALM. Cependant, ils sont contre l’occupation abusive de leurs terres.
En juin 2024, répondant à la sollicitation de notre confrère du média Mongabay au Cameroun, la direction générale de la SOCAPALM avait indiqué qu’il n’y a aucune violation des droits des populations riveraines. Celui-ci avait relevé que c’est dans le respect de la réglementation camerounaise que l’entreprise a acquis son terrain au su des communautés riveraines. D’autre part, la SOCAPALM, soutient son DG, a offert de l’eau potable à des villages environnants de ses installations.
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