C’est l’objectif de la première édition de cette rencontre qui ambitionne de mettre en collaboration les différents acteurs du secteur.
Par Sintia Dounang
C’est l’objectif de la première édition de cette rencontre qui ambitionne de mettre en collaboration les différents acteurs du secteur.
Par Sintia Dounang
Le premier Forum national sur les ressources génétiques s’est tenu les 16 et 17 janvier 2025 sur le thème « À la découverte des trésors cachés des ressources génétiques du Cameroun ». Organisé avec le soutien de la GIZ, il a mis en lumière la richesse insoupçonnée du patrimoine génétique national et a débouché sur une convention historique. Selon le ministre de l’Environnement, de la Protection de la Nature et du Développement durable, Hélé Pierre, l’objectif est de « promouvoir la conservation, le partage équitable des bénéfices, le développement économique, la recherche et l’innovation, ainsi que la protection des savoirs traditionnels au Cameroun ».
Le point culminant du forum a été la signature d'une convention entre la firme internationale Basecamp Research et le gouvernement camerounais, représenté par le MINEPDED. Cette convention, qui implique quatre communautés locales, marque le début d'une exploitation durable et équitable des ressources génétiques camerounaises. Hele Pierre, a souligné l'importance de ce partenariat, le potentiel économique considérable des 11 000 espèces végétales du pays. L'application du modèle APA (Accès et Partage Juste et Équitable des avantages issus de l’utilisation des ressources génétiques) sur une grande partie de cette biodiversité pourrait générer des centaines de milliards de FCFA pour le budget national.
Le forum a également servi de vitrine pour les nombreuses innovations issues des ressources génétiques camerounaises. De diverses expositions ont permis de présenter une variété de produits et d'applications, allant de l'artisanat traditionnel aux produits cosmétiques et alimentaires. Au stand de l'École nationale supérieure des sciences agro-industrielles (ENSAI) de l'Université de Ngaoundéré, l’on s’intéresse tant à la recherche qu’à la production.
Stand ENSAI
Ici, une gamme de nano et micro produits est présentée. On relève, entre autres, des extraits végétaux sont utilisés au niveau alimentaire comme des fortifiants. Ils sont utilisés pour fortifier les farines infantiles et aliments des personnes âgées. Nous avons des thés fonctionnels, à base de kinkeliba. Des gommes végétales utilisable comme stabilisant dans l'industrie alimentaire (sauces, mayonnaises) et cosmétique (laits de toilette, pommades).
Le Forum national sur les ressources génétiques est essentiel pour la gestion de la biodiversité camerounaise. Il met en avant le potentiel économique considérable de ces ressources, ainsi que la collaboration entre les communautés locales, les chercheurs et le secteur privé pour une exploitation durable et équitable. Selon le MINEPDED, « la gestion durable de ces ressources est essentielle pour un avenir résilient et prospère ».
Coupure du ruban
Dr Aurélie Dingom Taylor, Point focal APA/Inspecteur N°2 au MINEPDED
La perspective est de créer des connexions entre les parties prenantes
Jusqu’au niveau local, les communautés se sont mobilisées. L'opportunité est offerte pour établir les connexions entre ces communautés qui ont un savoir-faire qu'elles expriment à travers les produits que vous voyez et la recherche qui sait identifier le principe actif, qui sait identifier la molécule ; et le secteur privé pour développer et mettre sur le marché les produits innovants basés sur la biodiversité. C'est ça la perspective. Il faudrait qu'au sortir de ce forum national, que ces connexions soient établies parce que le dialogue est passé, I y a eu les conférences B2B. La perspective est économique, elle est celle de faire passer le message à travers l'information et la sensibilisation. La perspective est également de créer des connexions entre les parties prenantes comme ça nous au niveau du ministère à travers l'APA contribuons à booster l’économie pour le grand bien de la gestion durable et de la prospérité de notre pays.
Asta Sylvie epse Haman, présidente du conseil d’administration de l’Union des coopératives du Nord
Le forum met en lumière des activités souvent méconnues
Avec le soutien de la GIZ, nous commercialisons et transformons divers produits forestiers non ligneux (PFNL) de notre région. Parmi ceux-ci : de l’huile de neem, utilisée comme biopesticide et pour lutter contre le paludisme et les allergies; du beurre de karité, aux propriétés antirhumatismales et améliorant la peau; de l’huile de sésame; de l’huile de baobab, aux propriétés antibiotiques et cicatrisantes, luttant contre le vieillissement cutané; de l’huile de moringa; de l’huile d’anacarde; de l’huile de soja; de l’huile de ricin; et du miel. Ce forum est une excellente occasion de mettre en lumière ces activités souvent méconnues, porteuses d’un fort potentiel économique pour les familles.
Tchof Lombo, secrétaire général de la coopérative agricole Magamto Coop-ca
Le Forum nous a permis d'échanger avec d'autres acteurs du secteur
Nous sommes une coopérative basée à Babadjou (département des Bamboutos, région de l’Ouest). Au forum national des ressources génétiques, nous présentons le mondia whitei (Magamto en langue locale), communément appelé « sucré ». Nous en proposons des fruits, des graines et racines et même sous forme de poudre. Ce produit est un rehausseur de goût utilisé dans divers plats et possède des propriétés aphrodisiaques. Nous avons également des produits efficaces contre la constipation et la fièvre jaune ; du ginseng et l’Erodium fuertim, une plante intéressante pour la cosmétique. Notre coopérative utilise le Magamto dans ses propres produits cosmétiques et boissons, et produit également du miel. Ce forum est essentiel pour la valorisation et la conservation des ressources génétiques, favorisant la protection de l'environnement et le développement économique. Il nous a permis d'échanger avec d'autres acteurs du secteur.
Pr Stephen Ghogomu
La protection de l’environnement est intimement liée à la préservation de la biodiversité
Chef du Centre de Biotechnologie de l’Université de Buea, il explique les enjeux de la protection de la biodiversité camerounaise et les recherches menées sur les plantes médicinales
Vous participez au premier forum de la ressource génétique. Pouvez-vous présenter votre centre et son rôle dans le cadre de cette rencontre ?
Je représente le Centre de Biotechnologie de l’Université de Buea, dont je suis le chef. Le MINEPDED a choisi notre centre pour implémenter le Protocole de Nagoya, un protocole international visant à protéger la biodiversité et à assurer le partage équitable des ressources génétiques. Actuellement, beaucoup de personnes viennent au Cameroun, prélèvent des plantes et des animaux, et repartent sans que l’on sache ce qu’ils en font. Ces ressources pourraient être utilisées pour développer des médicaments qui nous seraient ensuite revendus. Le Protocole de Nagoya vise à changer cela en exigeant un enregistrement de tout prélèvement et en assurant que le Cameroun bénéficie des retombées, notamment si des médicaments sont développés à partir de ces ressources. Notre objectif est de protéger notre biodiversité et de tracer l’origine des ressources génétiques.
Quelles recherches spécifiques votre centre mène-t-il sur les plantes médicinales camerounaises, et comment ces recherches s’inscrivent-elles dans la protection de la biodiversité ?
Nous nous intéressons particulièrement à deux plantes, le Ouija et le Bush mango, dont les tradipraticiens ont démontré les propriétés anti-inflammatoires. À l’Université de Buea, nous allons extraire les différentes molécules de ces plantes pour identifier celles qui sont efficaces contre l’inflammation.
Plus largement, la biodiversité du Cameroun est immense, avec de nombreuses plantes et animaux encore inconnus. Ce forum nous permettra de mieux connaître notre patrimoine et d’identifier les plantes utilisées pour soigner diverses maladies. Par exemple, nous avons testé l’artémisia, la Salmonella sur des animaux pour traiter la typhoïde, avec des résultats encourageants. Nous pensons que cela pourrait également être efficace chez l’homme. Nos recherches visent également à standardiser l’utilisation de ces plantes médicinales, en déterminant les dosages, les modes de préparation et les fréquences d’administration.
Comment les ressources génétiques, et plus spécifiquement les plantes médicinales, peuvent-elles contribuer à la protection de l’environnement ?
La protection de l’environnement est intimement liée à la préservation de la biodiversité. Si nous existons aujourd’hui, c’est grâce aux plantes. Si nous détruisons toutes les plantes, nous ne pourrons plus survivre. Les plantes produisent l’oxygène et absorbent le CO2 que nous rejetons. La recherche sur les ressources génétiques, notamment les plantes médicinales, contribue donc à la protection de l’environnement en mettant en valeur l'importance de la biodiversité et en encourageant sa conservation.
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