Malgré son potentiel sur le plan scientifique, le pays demeure à la traine dans le domaine de la recherche et de l'innovation. La question a meublé la rencontre d’échanges entre des membres de l’antenne camerounaise du Réseau des journalistes scientifiques d’Afrique francophone et ceux de la Société camerounaise de physique, le 22 août à Yaoundé.
Par Mayva Saha
Le Cameroun est le premier pays d’Afrique francophone en matière de recherche scientifique, 12e sur 57 pays en Afrique et 91e sur 239 pays dans le monde. Ceci, avec à son actif 29 343 publications entre 1996 et 2023, selon le centre de recherches SCIMAGO. Les données ont été présentées par la société camerounaise de physique (Scp) le 22 août 2024, au cours d’une rencontre avec membres de l’antenne camerounaise du Réseau des journalistes scientifiques d’Afrique francophone (Rjsaf) pour la vulgarisation de la recherche scientifique.
Malgré cette performance, le pays demeure à la traine. Selon le Pr Paul Woafo, président sortant de la Scp, cette situation est due au fait que « 90% des activités de recherche n'ont aucun objectif fixé ni par le gouvernement ni par les entreprises privées nationales, contre 10% seulement dans les instituts sous-tutelle du ministère de la Recherche Scientifique et de l'Innovation (Minresi). La plupart des projets sont initiés de manière individuelle par les chercheurs, sans réelle coordination ni valorisation des résultats », explique-t-il.
Par ailleurs, il est noté que près de 90% des activités de recherche et de formation des chercheurs, même sur des sujets appliqués, restent cantonnées à la théorie. Il devient dont urgent de mettre en place un financement adéquat pour la recherche, au-delà de son orientation et de son ancrage. Selon les estimations, le Cameroun consacre moins de 0,4% de son PIB à la recherche, très loin des objectifs de l'Union africaine qui préconise au moins 1% du PIB. « Cette faiblesse budgétaire se répercute sur les conditions de travail des chercheurs, l'obsolescence des équipements et l'absence de valorisation des résultats », précise également le Pr Paul Woafo.
Pour redynamiser le secteur, les scientifiques préconisent la création d'un Think Tank de la recherche scientifique et technologique du Cameroun, cette instance aurait pour mission de définir clairement les priorités nationales de recherche et les conditions de leur mise en œuvre. Il s’agit également d’engager autant que possible le secteur privé national ; de faire des incitations fiscales, notamment l'octroi de bourses aux étudiants ou chercheurs, le financement de projets dans les laboratoires ou encore la création de plateformes de recherche expérimentale sont autant de leviers à actionner pour stimuler l'investissement privé dans ce domaine. Enfin, la mise en place d'un Conseil supérieur de l'enseignement supérieur et de la recherche scientifique et technique permettrait de mieux coordonner les différentes initiatives et d'assurer un suivi rigoureux des activités de recherche.
Au cours de cette rencontre qui, pour le Pr Blaise Roméo Nana Nbendjo, marquait un point de départ pour une collaboration fructueuse entre la Scp et les journalistes afin de favoriser la diffusion des résultats de la recherche, qui, parfois n’atteignent pas les utilisateurs, des spécialistes de l’information ont suivi des exposés d’imminents chercheurs. Du professeur Paul Woafo au Pr Françoise Enyégué à Nyam, géophysicienne, en passant par les Prs Serge Nana Ango, enseignant de physique atomique, moléculaire et optique, Saïdou, spécialiste de physique nucléaire, et Serge Zekeng, enseignant des sciences des matériaux, l’assistance a été renseignée sur quelques résultats saillants dans différents domaines.
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