Le pays qui a célébré l’élimination de cette pathologie encore appelée maladie du sommeil de son territoire doit son succès un meilleur contrôle des mouches tsé-tsé des campagnes de dépistage et de sensibilisation à grande échelle, ainsi que le développement de nouveaux médicaments sûrs et efficaces.
La Guinée a célébré un anniversaire pas comme les autres à la fin du mois de janvier dernier ; l’élimination, il y a un an, de la trypanosomiase humaine africaine (THA) encore appelée maladie du sommeil comme problème de santé publique. Selon le communique de l’Initiative pour le traitement des maladies tropicales négligées dont le sigle en anglais est DNDi, moins d'un cas pour 10 000 habitants dans les trois foyers endémiques de la république de Guinéé.
« Le ministère de la santé guinéen a fait valider par l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) l’élimination de la THA dans le pays en 2024, année où seuls 12 cas de THA ont été diagnostiqués sur les trois foyers. Il s’agit de la 55ᵉ élimination de maladie tropicale négligée (MTN) à l’échelle mondiale et la première MTN officiellement éliminée par la Guinée », rappelle le communiqué. « Ce succès guinéen, indique le document repose sur un meilleur contrôle des mouches tsé-tsé, des campagnes de dépistage et de sensibilisation à grande échelle, ainsi que le développement de nouveaux médicaments sûrs et efficaces. »
Les autorités guinéennes dans leur stratégie de contrôle des vecteurs, renseigne le communiqué, ont développé partenariat étroit entre les chercheurs de l’Institut de recherche pour le développement (IRD) en Guinée et le Programme national de lutte contre les maladies tropicales négligées (MTNs) à prise en charge des cas (PNLMTN-PCC) coordonné par Mamadou Camara, coordinateur du programme national de lutte contre la THA. Les nouveaux traitements ont été développés par l’initiative Médicaments contre les Maladies Négligées (DNDi) et ses partenaires.
Un succès unanimement salué
« C'est une nouvelle fantastique et une étape majeure dans nos efforts collectifs pour éliminer cette maladie terrible et négligée. La Guinée ne compte plus qu'une poignée de cas – un succès impressionnant et inspirant, surtout si l'on considère que le pays a longtemps été le plus touché par la maladie du sommeil en Afrique de l'Ouest, et qu'il a dû faire face à une résurgence massive lors de l'épidémie d'Ebola de 2014 à 2016. Nous développons à présent un nouveau traitement appelé “acoziborole”, un médicament prometteur qui sera un élément essentiel pour maintenir cette élimination. Car il faut rester vigilants, la maladie peut revenir si nous baissons la garde. Nous avons besoin d'outils de santé adéquats pour prévenir une résurgence, notamment des médicaments sûrs et efficaces, simples à administrer et à distribuer », indique Luis Pizarro, directeur exécutif de DNDi, présent lors de la célébration.
« La Guinée, depuis près de 20 ans, a opté pour une stratégie novatrice reposant sur la combinaison de la lutte médicale et entomologique, soutenue de manière très forte par des activités de recherche, menées dans le cadre du projet TrypaNo!, financé par la Fondation Gates. C’est une étape essentielle qui vient d’être franchie mais l’effort doit se poursuivre, avec pour objectif l’arrêt total de la transmission d’ici 2030 », relèvent Jean-Mathieu Bart et Bruno Bucheton, respectivement éco-épidémiologue et généticien à l’IRD (UMR Intertryp).
« Les efforts de la Guinée, en particulier des équipes de son programme national de lutte et de ses partenaires, portent aujourd’hui leurs fruits : voilà une formidable avancée vers l’élimination d’une maladie autrefois considérée comme un fléau en Afrique ! L’originalité du modèle guinéen, qui a su intégrer de manière efficace la formation et la recherche biomédicale transactionnelle à la lutte contre la maladie, est aujourd’hui un exemple pour de nombreux pays engagés vers l’élimination », rappelle Brice Rotureau, directeur de recherche à l’Institut Pasteur et directeur de l’Unité de Parasitologie de l’Institut Pasteur de Guinée. »
Moins d’un millier de nouveaux cas par an.
« Equipe Europe se joint à ses partenaires et aux professionnels de santé en Guinée pour célébrer cette étape importante. Nous sommes fiers d’avoir joué un rôle actif en investissant dans la recherche sur les maladies négligées via l’EDCTP et des partenariats de développement de produits, ainsi que par le biais de projets supplémentaires financés par la Commission européenne, les Pays-Bas, l’Allemagne, l’Espagne, la France, la Belgique, la Norvège et la Suisse dans le cadre de la TEI MAV+ et d’autres initiatives de santé de Team Europe. L’investissement dans la santé est un engagement à long terme en faveur de la stabilité et du bien-être au-delà des frontières. Nous devons continuer à travailler en partenariat pour promouvoir la couverture sanitaire universelle, renforcer les systèmes de santé et la sécurité sanitaire, financer la recherche sur les maladies négligées et rester vigilants jusqu’à ce que nous atteignions notre objectif commun d’éradiquer la maladie du sommeil et d’autres maladies négligées », déclare Jolita Pons, Ambassadrice de l’Union européenne en Guinée.
Selon l’Institut Pasteur, « La maladie du sommeil, aussi appelée trypanosomose humaine africaine, est due à la présence d’un parasite flagellé (Trypanosoma brucei), injecté dans l’organisme par la mouche tsé-tsé. Elle sévit exclusivement dans 36 pays d’Afrique subsaharienne où l’on trouve les mouches tsé-tsé. Grâce à la lutte menée contre la maladie, le nombre de cas est en baisse depuis les années 90. Actuellement, bien que 70 millions de personnes vivent en zones à risques, on ne compte que moins d’un millier de nouveaux cas par an. »
Commentaires 0