Expert en questions de santé des adolescents et jeunes et leader d'association, il propose quelques bons gestes à adopter par cette tranche de la population pour limiter l'exposition aux IST
Par Sintia Dounang
Expert en questions de santé des adolescents et jeunes et leader d'association, il propose quelques bons gestes à adopter par cette tranche de la population pour limiter l'exposition aux IST
Par Sintia Dounang
Pouvez-vous donner un aperçu des principales IST qui touchent les jeunes au Cameroun et quels en sont les principaux facteurs de risques ?
Il faut dire que les maladies sexuellement transmissibles dont les jeunes sont victimes sont diverses et variées. La plus connue est le VIH (Virus de l'immunodéficience humaine). Il sagit dun virus qui attaque le système immunitaire et affaiblit la capacité du corps à se défendre contre d'autres infections. Les jeunes sont vulnérables au VIH. Au Cameroun, chez les 15-24 ans, l'on dénombre 67 088 PvVIH (personnes vivant avec le VIH, ndlr) en 2024, selon le rapport des estimations Spectrum. Ce qui représente environ 13% de la taille totale des PvVIH. Les jeunes filles de la même tranche dâge étant six fois plus infectées que les jeunes garçons.
On peut également évoquer les infections de la sphère génitale : la chaude pisse ou urétrite masculine chez les jeunes hommes, dont les causes principales sont la gonococcie, la syphilis, le chancre moue et la chlamydia. Chez la jeune fille, on peut avoir des vaginoses dont les causes principales sont les chlamydias et les candidoses vaginales.
Les facteurs de risque demeurent les rapports sexuels précoces, la faible utilisation du préservatif et le multi partenariat sexuel. Ceux-ci peuvent être amplifiés par certains déterminants tels que les réseaux sociaux, la télévision, la pression par les pairs, la croyance, la perception, les us et coutumes, les rumeurs.
Il s'avère que les vacances représentent des périodes à haut risque pour les jeunes. Quels sont les bons gestes à adopter pour en sortir indemne ?
Effectivement, un constat a été fait selon lequel, plusieurs jeunes ont leur premier rapport sexuel pendant les vacances. C'est une période où les jeunes se sentent plus libres, pourtant très exposés. En termes de bon gestes, il est essentiel de retarder autant que possible la survenue du premier rapport sexuel. Ceci est possible en s'intéressant aux activités récréatives notamment la lecture, la pratique du sport, etc. L'on peut également encourager l'utilisation systématique et correct des méthodes de prévention, notamment le préservatif pour des jeunes adolescents déjà sexuellement actifs ; et s'intéresser à la sensibilisation sur les risques liés aux multi partenariats sexuels. Éviter la consommation (excessive) de drogues essentielles, car cela peut entraîner des comportements à risque.
En tant qu'expert, quels sont selon vous les principaux obstacles qui empêchent les jeunes d'avoir des comportements plus responsables en matière de sexualité et comment les résoudre ?
L'éducation complète à la sexualité joue un rôle essentiel pour aider les jeunes à adopter des comportements responsables. En termes d'obstacles courants, on note en premier lieu, le manque ou la sous-information. Il est possible que les jeunes manquent de connaissances objectives sur la sexualité, ce qui peut entraîner des comportements dangereux. Selon lEDS (Enquête démographique et de Santé, ndlr) 2018, seulement 36% des jeunes filles et 33% des jeunes garçons âgés de 15-24 ans ont une connaissance complète des moyens de prévention du VIH. Ces résultats expliqueraient le fait que 31% des nouvelles infections à VIH en 2023 (Spectrum 2023) soient dans cette tranche d'âge. La stigmatisation et les tabous sont également des obstacles importants. La société peut stigmatiser la sexualité des jeunes, les empêchant den parler ou de chercher de l'aide. La pression des pairs joue également un rôle assez important. Il est donc essentiel de créer un environnement ouvert et bienveillant où les jeunes se sentent à l'aise pour poser des questions et discuter de leur sexualité. Par ailleurs, nous pouvons aussi évoquer la pression sociale.
Pour résoudre ou transformer ces obstacles, il est essentiel d'agir à différents niveaux : Tout d'abord au sein de la cellule familiale. Ici nous encourageons le dialogue entre parents et les enfants et davantage les jeunes filles sur la sexualité, il ne devrait pas avoir de tabous en matière de sexualité.
Le second niveau est celui de la communauté. Il est important de relever le rôle qui devrait être joué par les leaders communautaires et associatifs dans lacquisition de la bonne information et lencadrement des jeunes. Nous encourageons les jeunes pendant cette période de break scolaire à se rapprocher des associations ou des programmes spécifiques à eux destinés à l'instar de l'initiative « Vacances sans Sida ».
Enfin nous avons le niveau éducatif. Il est urgent de mettre sur pied des programmes de formation continue pour aider les éducateurs à aborder ces sujets de manière sensible et informée ; remettre en question les normes sociales et promouvoir légalité entre les sexes lorsquon parle de léducation sexuelle complète ; faciliter laccès des jeunes aux conseils, soins et soutien en matière de santé sexuelle.
Il devient donc crucial de mettre en place des mécanismes et dispositifs visant à sensibiliser et à informer les jeunes sur les risques liés à leur sexualité.
Comment contribuez-vous à l'adoption de bons gestes dans le cadre de votre activité au quotidien ?
Comme évoqué plus haut, nous pensons que le réel défi reste celui de la communication. Nous devons développer des stratégies visant à passer la bonne information. L'ayant perçu dans le cadre de nos déploiements, nous menons des activités de sensibilisation à l'endroit des cibles. Ceci se fait à travers les réseaux sociaux, mais aussi en communauté au moyen des causeries éducatives ou séances dinformation, avec lappui des acteurs formés, des Pairs éducateurs et des online mobiliser.
En outre, nous accompagnons les associations dencadrement des jeunes avec des formations sur les différents aspects sensibles aux jeunes notamment la prévention des IST et du VIH ; l'acquisition de connaissance ; la prise en charge des VBG (Violences basées sur le genre) ; les risques sur la consommation des drogues avec un discours à peine voilée, relatif à la nécessité de retarder au maximum la survenue du premier rapport sexuel ou encore celui de la seconde virginité pour des tranches dâge spécifiques.
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