La concrétisation des engagements pris par les pays développés depuis la Cop15 à Copenhague en 2009 est toujours attendus. Ce pendant que les pays non-pollueurs doivent continuer les efforts de conservation de la faune et de la flore pour faire éviter une catastrophe climatique à la planète. C’est, entre autres, pour examiner des possibilités de levée de fonds propres que le débat a eu lieu lors de la toute première Conférence sur l’afforestation et le reboisement du 2 au 5 juillet à Brazzaville au Congo.
Par Adrienne Engono Moussang, de retour de Brazzaville
Les portes de la première Conférence sur l’afforestation et le reboisement (Ciar) se sont refermées le 5 juillet dernier à Brazzaville en République du Congo, un des six pays du bassin du Congo. Au-delà du succès de l’organisation de cette rencontre qui a vu la présence et la participation des différentes couches venues du Congo et d’ailleurs, les questions y débattues témoignent de l’engagement des uns et des autres pour la cause climatique. C’est le cas du financement pour la préservation de la biodiversité. La présence à Brazzaville des Faustin Archange Touadera de la République centrafricaine, Brice Clotaire Oligui Nguema du Gabon, Nana Akufo Addo du Ghana, Umaro Sissoko Embalo de la Guinée Bissau et Mme Sahle Work Zewde de l'Éthiopie témoigne de la nécessité de rendre disponibles des financements pour une lutte efficace contre le réchauffement climatique.
En fait, les pays en développement dont ceux du bassin du Congo, en particulier, ont pris des engagements pour la réduction des gaz à effet de serre qu’ils émettent. Dans ce que l’on appelle les Contributions déterminées au niveau national (Cdn), ces états ont promis de diminuer ces émissions d’ici 2030, à partir de celles de 2010.
A leur tour, les Etats développés, qualifies de pollueurs, ont promis d’accompagner ces efforts au travers des financements qui devaient être reversés par chacun afin que soient réalisés des projets dans les pays non-pollueurs.
Sauf que, ces promesses des pays développés restent lettre morte. Ce qui explique le financement des projets de lutte contre le changement climatique à travers des actions de protection de la biodiversité ait constitué un point important dans les discussions lors des travaux de la Ciar.
Seulement 10% environ d’appui financier
En réalité, le bassin du Congo, un des grands poumons écologiques du monde, le deuxième après l’Amazonie, salué pour la préservation de sa biodiversité avec un taux de déforestation resté bas par rapport à celui observé dans les autres bassins. Une étude du Global Forest Watch publiée en août 2021 dans la revue scientifique NATURE indique que les forêts du bassin du Congo ont la capacité de séquestration de 150 tonnes de carbone à l’hectare. Celles-ci émettent 530 millions de tonne de carbone et en séquestrent 1,1 milliard de tonnes. Malgré ce rôle, le bassin du Congo reçoit seulement 10% environ d’appui financier.
Entre 1990 et 2000, ce taux de déforestation était de 0,09% et de 0, 17% entre 2000 et 2005, selon une publication de Tchatchou, B; Sonwa, D.J.; Ifo, S.; Tiani, A.M., chercheurs au Centre international pour la foresterie (Cifor-Icfaf). Cette étude intitulée: “Déforestation et dégradation des forêts dans le bassin du Congo: états des lieux, causes actuelles et perspectives” et publiée en 2015 prévient que les six pays du bassin du Congo prévoient leur émergence fondée sur le développement des infrastructures et du tissu industriel. Une prévision, en branle aujourd’hui, qui a des répercussions sur le couvert forestier marqué par sa disparition remarquable.
Des sacrifices des populations riveraines non récompensés
Le Cameroun, le Congo, le Gabon, la Guinée Equatoriale, la République Centrafricaine et la République Démocratique du Congo regorgent des sous-sols riches en minerais, en plus des forêts, des tourbières et des espèces emblématiques de faune sauvage que l’on retrouve sur cet espace qui constitue le bassin du Congo. A tel point Denis Sassou Nguesso, président de la République du Congo et initiateur de la Ciar a relevé que: "Les sacrifices consentis par les populations riveraines en abandonnant volontairement certaines activités susceptibles de porter atteinte à l'environnement et le renoncement par les Etats à des projets de développement pour préserver les écosystèmes de la biodiversité, devrait également appeler de la part de la communauté internationale, des compensations financières qui seraient pas du tout de la charité". Jules Doret Ndongo, ministre camerounais des Forêts et de la Faune, alors président de la Commission pour les forêts du bassin du Congo, avait maintes fois déploré ce non-respect des engagements pris par des pays pollueurs pour accompagner les efforts des Etats non-pollueurs pour la conservation.
Dans son sixième rapport publié en mars 2023, le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (Giec) déplorait des émissions de gaz à effet de serre toujours en augmentation.

CIAR 2024
Faustin Archange Touadera, président centrafricain
"Il faut agir maintenant pour sauver la génération actuelle La situation actuelle est minée par des crises géopolitiques croissantes, la détérioration des conditions économiques qui étouffent la croissance. Des facteurs qui génèrent l'absence de solutions pragmatiques et holistiques pour faire face à la crise climatique". Ces facteurs empêchent aussi de mettre "en œuvre les engagements des différents Accords sur le climat dans le monde. Les pays d'Afrique sont confrontés à de graves problèmes environnementaux actuels et futurs, qualifiés d’imprévisibles et d'irréversibles qui sont des défis environnementaux liés à la déforestation et à la dégradation des forêts. Ce qui constitue un goulot d'étranglement à la croissance économique et à la lutte contre l'insécurité alimentaire et la pauvreté

Faustin Archange Touadera
Moussa Faki Mahamat, Président de la Commission de l'Union africaine
« Notre conférence de ce jour, l'objectif qu'elle vise s'articule harmonieusement aux initiatives existantes à l'échelle de l'Afrique en matière de boisement et de reboisement. Il s'agit entre autres de l'initiative de Restauration des paysages forestiers africains qui veut restaurer les terres dégradées et déboisées de l'Afrique, de l'initiative de la Grande muraille verte qui a pour objet de renforcer la résilience des terres arides au Sahel, au Sahara et en Afrique australe et qui soutient la restauration d'environ 100 millions d'hectares. De nombreuses autres initiatives se sont engagées sur cette voie de la restauration des forêts. A cela s'ajoute une série d'instruments de gestion durable des ressources forestières comprenant notamment la faune et la flore sauvages, les changements climatiques et le développement résilient, la relance verte, la biodiversité et l'économie circulaire. »

Moussa Faki Mahamat
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