Contrairement aux idées préconçues, l’acte sexuel permet au couple de s’épanouir, affirme Carine Ngassa, sage-femme
Par Adrienne Engono Moussang
Contrairement aux idées préconçues, l’acte sexuel permet au couple de s’épanouir, affirme Carine Ngassa, sage-femme
Par Adrienne Engono Moussang
Les rapports sexuels peuvent-ils avoir un impact négatif sur le lait maternel et rendre l’enfant malade ? « Faux ! » répond Carine Ngassa, sage-femme, major de la maternité du Centre d’animation sociale et sanitaire (Cass) de Nkolndongo dans l’arrondissement de Yaoundé 4ème au Cameroun.
« Je dis souvent à mes mamans que « ce qui fait l'enfant peut encore le gâter ». Ce n'est pas possible », soutient la major.
Selon elle, le rapport sexuel est un acte naturel qui permet au couple de s'épanouir.
« Par contre, nous conseillons à nos mamans à reprendre avec les rapports sexuels toute en faisant attention à ne pas retomber enceinte, car le risque c'est la grossesse pour celles qui n'utilisent pas l'allaitement maternel exclusif comme méthode contraceptive jusqu'à 6 mois », indique Carine Ngassa.
Comme Carine Ngassa et d’autres spécialistes de la santé maternelle, Odette Etame, spécialiste de la santé de reproduction et présidente de No Limit For Women Project à Yaoundé n’en dit pas mieux. « Nous pensons que toutes ces pratiques traditionnelles là entravent plutôt la pratique, la bonne conduite de l'allaitement maternel », pointe celle-ci.
En effet, certaines personnes ont du mal à se défaire de la croyance sur les méfaits des rapports sexuels sur le lait maternel. Pour sensibiliser les couples sur la nécessité d’observer la planification familiale, Ange Ebogo Emerand, musicien camerounais bien connu de la scène artistique nationale et internationale a composé « Sogolo Mone ». Un jargon populaire emprunté à la langue Ewondo, parlée dans le département du Mfoundi et de ses environs qui signifie plutôt : « traverser ou enjamber le bébé ». Renvoyant ainsi aux conséquences fâcheuses des relations sexuelles sur le bébé chez une femme allaitante. Des conséquences qui peuvent conduire au décès du bébé, si les moyens nécessaires n’étaient pas mis à contributions pour une prise en charge adéquate. « Le problème n’est pas au niveau des relations sexuelles, le bébé est souvent plutôt atteint de malnutrition », reprend Mme Etame. « Nous savons que pour que l'utilisation soit optimale, il faudrait qu'il y ait cette amélioration des connaissances en matière d'allaitement maternel auprès des familles et c'est l'implication du personnel de la santé et des acteurs communautaires qu'il faut, pour que ça soit réaliste », ajoute-t-elle.
Une croyance répandue dans certains milieux aussi bien des couches nanties et scolarisées a un impact négatif significatif dans la prise en charge des cas de malnutrition souvent classés comme des conséquences des rapports sexuels. L’autre impact s’observe sur l’allaitement maternel exclusif qui prend un coup étant donné qu’après l’accouchement, le couple voulant souvent reprendre sa vie intime au bout de quelques mois, va mettre le bébé au lait artificiel avant les délais prescrits par l’Organisation mondiale de la santé (Oms) dont l’assemblée générale de 2001 avait décrété l’allaitement maternel exclusif aux bébés pendant les six premiers mois d’existence et de continuer jusqu’à l’âge de deux ans, si possible.
World Alliance for Breastfeeding Action (Waba)
L’Organisation mondiale de santé a estimé à 50%, le taux d’allaitement maternel normal ; pour sauver la vie à 40.000 enfants de moins de cinq ans, selon l’Organisation des Nations unies pour l’enfance (UNICEF). Jusqu’en 2018, le Cameroun, avec un taux de réalisation d’environ 40% est resté en deçà de ce taux qu’il avait pourtant visé à l’horizon 2025 dans son plan de lutte contre la malnutrition infantile.
« Soutien à l’allaitement maternel pour la réduction des inégalités ». C’est le thème de la journée mondiale de l’allaitement maternel qui va se commémorer en octobre 2024 ; déjà, une semaine mondiale de l’allaitement maternel a été observée du 1er au 7 août. Les chiffres d’un rapport de Alive and Thrive, une initiative qui vise à promouvoir le bien-être de l’enfant et de la femme, présente au Burkina-faso et dans d’autres pays de l’Afrique de l’Ouest, révèlent que 100.000 femmes perdent leur vie lors de l’allaitement et que 600000 enfants, parce que n’ayant pas accès à l’allaitement décèdent.
Organisée chaque année du 1er au 7 août dans plus de 170 pays pour promouvoir cette pratique pour le bien-être des nourrissons, la semaine de l’allaitement maternel est la commémoration de la Déclaration « Innocenti » en Florence (Italie) sur la protection, l'encouragement et le soutien de l'allaitement maternel. Cette déclaration a été signée par l'Oms et l’UNICEF en août 1990 lors d'une réunion internationale consacrée à l’allaitement maternel en présence des représentants de 30 gouvernements, de nombreuses organisations des Nations unies et autres Organisations non gouvernementales. Le réseau mondial « World Alliance for Breastfeeding Action (Waba)
», connu comme Alliance mondiale pour l'allaitement maternel, en français, verra le jour par la suite avec le soutien de l'Unicef.
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