L’intervention des autorités administratives, sécuritaires et des élus du peuple a permis la reprise des activités dans les plantations de cette entreprise, après des perturbations occasionnées le 17 janvier dernier par des jeunes de cet arrondissement du département de l’Océan.
Par Adrienne Engono Moussang
Les ouvriers de l’agro-industrie Camvert, située dans l’arrondissement de Campo, département de l’Océan, région du sud, ont eu droit à un férié forcé le 17 janvier 2025. Une situation illustrée par des vidéos et des images largement partagées sur les réseaux sociaux et parvenues à la rédaction de « Sciences Watch Infos ». L’on pouvait ainsi voir un bras de fer entre des forces de maintien de l’ordre et un groupe de manifestants brandissant une pancarte sur laquelle l’on pouvait lire : « Stop stop stop arrêt d’activités SA Camvert Boicam Sofoni. Violation des droits de notre communauté. Non-paiement de redevances forestières, non-respect des cahiers de charges, non-évaluation des PJA 2022-2023-2024, pillage forestier hors zone d’exploitation, trafic d’influence et d’intimidation… » A ce que certains ont voulu qualifier de Fake news, le sous-préfet de Campo a reconnu la véracité des faits.
Joint par des journalistes, le sous-préfet, Francis Igor Bamock, rapporte les faits tels qu’il les a vécus: « Dans la soirée du jeudi 16 Janvier 2025, des jeunes de Campo ont déposé des affiches à la gare routière contre la société Camvert. Informé, je suis descendu sur le terrain pour m'enquérir de la situation. Je trouve certains jeunes à la gare routière de Campo et je me saisis de cette pancarte. Un échange est engagé avec certains en présence de quelques conseillers municipaux. À la fin, le constat est frappant : sous le fallacieux prétexte de la convocation d'une réunion d'évaluation des cahiers de charges, les jeunes promettent de bloquer la voie publique menant à la concession Camvert pour empêcher leurs employés de travailler », a indiqué le sous-préfet.
« Aux environs de 4h le vendredi 17 janvier, poursuit-il, lesdits jeunes mettent leur menace à exécution en arrivant aux alentours de la voie publique menant à la concession de Camvert. Ils trouvent deux gendarmes, le CB (commandant de la brigade (Ndlr)) de Campo et le Sous-préfet. Nous engageons des échanges pour expliquer à ces jeunes qu'une session du conseil municipal consacrée au vote du budget de l'exercice 2025 est prévue ce même jour, ils pouvaient par conséquent saisir les conseillers municipaux pour porter leurs revendications ou alors attendre l'arrivée du secrétaire général du Sénat au village, le samedi 18 janvier 2025. »
« Ces jeunes persistent pour bloquer la voie publique. Les camions et motos transportant les employés de Camvert arrivent et sont bloqués par les manifestants. Une quinzaine, majoritairement issus de la communauté Mvae », précise le sous-préfet de Campo.
Violations de leurs droits
« Le CB et ses deux éléments tenteront de libérer la voie publique en vain, c'est dans cette tentative infructueuse qu'il (le CB (Ndlr)) recevra un coup de poing au niveau de la gorge. Je demande aux gendarmes de replier et de conduire prioritairement le CB à l'hôpital. Sur le chemin, je sollicite la hiérarchie pour m'autoriser à rétablir l'ordre en faisant recours aux éléments du 11e Bafumar. Vingt éléments seront mobilisés pour déloger les manifestants sans brutalité ni résistance. Les manifestants seront conduits à la brigade de gendarmerie pour les auditions », a indiqué M. Bamock. « Aux environs de 11h, une délégation d'élus locaux conduite par le Maire de Campo va solliciter la libération des manifestants après avoir reconnu leurs erreurs et surtout le caractère répréhensible voire outrageant du comportement de quelques jeunes vraisemblablement manipulés. Après avoir rendu compte à la hiérarchie, nous allons accéder à la demande des élus après avoir enjoint aux manifestants de prendre des engagements écrits de ne plus prendre part à des manifestations non autorisées », a renseigné le sous-préfet de Campo.
En rappel, Camvert SA est un projet Agro-Industriel pour la création d’un complexe de production et de transformation de l’huile de palme dans les arrondissements de Campo et de Niété. Dans le but de combler le déficit structurel en l’huile de palme estimé à 200 000 tonnes par an. Seulement, malgré cet objectif louable, Camvert reste boudé par une tranche de la population qui déplore des violations de leurs droits, notamment l’accaparement de leurs terres et la pollution des cours d’eau. Une population qui, pour sa survie, puise ses ressources essentiellement dans l’agriculture, la cueillette, la chasse et la pêche et qui dit ne plus avoir moyen de vaquer librement à ses occupations depuis l’arrivée de Camvert. L’agro-industrie est également accusée par des organisations de protection de l’environnement d’exploiter illégalement la bois du Cameroun sous le prétexte de développer la culture du palmier à huile.
Nous avons souhaité avoir une réaction des responsables de Camvert. Mais notre message envoyé par WhatsApp le 18 janvier au responsable de la communication n’a reçu aucune réponse. Néanmoins, quelques indiscrétions annoncent une concertation entre les parties prenantes dans les prochains jours à Kribi.
Commentaires 0