Même si les progrès de la recherche scientifique ont pu réduire le nombre des malades, la stigmatisation et l’isolement sont de graves plaies sociales plus difficiles à guérir et qui peuvent compliquer la lutte contre cette maladie.
Même si les progrès de la recherche scientifique ont pu réduire le nombre des malades, la stigmatisation et l’isolement sont de graves plaies sociales plus difficiles à guérir et qui peuvent compliquer la lutte contre cette maladie.
Le Cameroun est endémique de 14 des 20 maladies tropicales négligées avec la lèpre, l’ulcère de burili, le pian et la leishmaniose qui sont cutanées et qui bénéficient d’une approche de prise en charge dite intégrée ; celle qui consiste à regrouper toutes ces maladies dans un seul programme afin de faciliter le suivi des différents malades. Une approche qui pointe de bons résultats, particulièrement pour la lèpre, car, d’après le secrétaire permanent du Programme national de lutte contre les lèpre, l’ulcère de burili, le pian et la leishmaniose, en 2021, seulement 178 cas ont été officiellement notifiés sur l’ensemble du territoire. Bien très loin des 25.000 nouveaux malades que comptait le Cameroun par an dans les années 1990. « La lèpre est une maladie infectieuse causée par le micro-bactérium lépreux. Elle se manifeste par des tâches indolores sur la peau. Elle attaque les nerfs », selon le Dr Ernest Nji Tabah, médecin et secrétaire permanent du programme national de lutte contre la lèpre, l’ulcère de burili, le pian, la leishmaniose et les autres maladies tropicales négligées.
Sauf que le Cameroun fait toujours face aux défis de la stigmatisation et de l’isolement subis par les malades ainsi que des anciennes victimes de la lèpre. Des témoignages des malades et anciens malades de la maladie de Hansen sont souvent pathétiques. Plusieurs d’entre eux ont été rayés des effectifs de leur famille tout simplement pour avoir contracté cette maladie. Même après la guérison, ils n’ont pas été réadmis par les leurs. Dessaisis de tous leurs biens dont les terres, ils sont souvent obligés de reprendre la route pour les grands centres urbains où ils vivent de quelques pièces de monnaie qu’ils reçoivent, dans un dédain total, nous qui nous croyons en santé. « Maladie de la misère, de l’ignorance et de la honte, la maladie de la lèpre touche les populations isolées, coupées des systèmes de santé. Stigmatisés, les lépreux souffrent de cette maladie mais aussi d’exclusion », déplore l’Organisation mondiale de la santé (OMS).
Ce problème que vivent ces laissés pour compte ne semble pas susciter une attention des pouvoirs publics, qui souvent les refoulent simplement des villes sans vraiment leur trouver un lieu de recasement.
Bien pensée mal implémentée
En 2006, l’annonce sur l’éradication de la lèpre au Cameroun avait été faite. Le gouvernement avait alors promis qu’à la prise en charge médicale, qui permet de rester vigilent sur des nouveaux cas, devait s’ajouter la prise en charge sociale. Celle qui prend en compte l’accompagnement des anciens malades pour leur réinsertion sociale-économique. Mais, cette orientation, bien pensée pourtant, a été mal implémentée. Ceci fait que, même si le nombre de malades baisse, l’élimination de la lèpre sera difficile voire impossible. « Il y a des malades qui refusent de se faire dépister de peur d’être rejetés par leur entourage si celui-ci venait à apprendre qu’ils sont atteints de la lèpre », a confié un ancien malade de la lèpre. Ce dernier soutient qu’ils vivaient mieux dans les léproseries. « Nous partagions le même destin que nous a imposé la maladie qui nous a enlevés de nos différents villages pour nous regrouper dans ces lieux d’isolement. Nous vivions comme en famille. La maladie de la lèpre est orpheline ; commençons d’abord à nous demander combien de personnels compte le Programme national dédié à sa lutte ? », s’interroge-t-il.
En 2025, la lèpre est toujours là, prévient la Fondation Raoul Follereau. A en croire cette organisation essentiellement dédiée à la lutte contre la maladie de la lèpre, « 200 000 nouveaux cas diagnostiqués en moyenne chaque année dans le monde, sa transmission reste active et frappe 1 personne toutes les 3 minutes dans le monde. Entre 3 et 4 millions de personnes vivent avec des déficiences et séquelles dues à la lèpre ».
« Due à un bacille appelé Mycobacterium Leprae, la lèpre est une maladie infectieuse chronique évoluant très lentement (de 2 à 20 ans d’incubation). Elle affecte principalement la peau, les nerfs périphériques, les muqueuses des voies aériennes supérieures et les yeux. Il n’existe pas de vaccin à ce jour, mais il y a un traitement par polychimiothérapie (PCT) peu onéreux et qui a fait ses preuves », révèlent, pour leur part, des spécialistes de l’Ordre de Malte France ; un ordre qui intervient dans 13 pays. La transmission de la lèpre se fait à travers des gouttelettes provenant du nez et de la bouche du malade. Il faut cependant rester en contact avec le malade sans traitement pendant une longue période pour être contaminé.
La Journée mondiale des malades de la lèpre sera commémorée le dimanche 26 janvier prochain. « Ensemble, un monde sans lèpre est possible : agir maintenant ici ! » est le thème retenu. Les malades et anciens malades de la lèpre vont, l temps de quelques heures bénéficier de notre « générosité » ; viande de bœuf, riz, vieux vêtements, sel, etc. qu’ils auront même du mal à ramener chez eux, faute d’argent de transport.
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