La pratique observée dans le monde paysan contribue plutôt à la pollution de l’air et au réchauffement climatique. Par Waren Aboka
La pratique observée dans le monde paysan contribue plutôt à la pollution de l’air et au réchauffement climatique. Par Waren Aboka
L’on s’achemine progressivement vers le début de la campagne agricole dans le grand sud du Cameroun. Certains agriculteurs préparent déjà les parcelles qui vont accueillir la semence. Dans cette partie du pays qui abrite la forêt, comme dans d’autres, l’agriculture sur brûlis, technique qui consiste à défricher, déboiser et mettre le feu est l’un des principaux moyens, sinon, le seul auxquels font recours les seigneurs de la terre. La forêt est entièrement abattue. La présence des champs aux encablures des grandes villes et des villages n’arrange pas les choses. Des fumées et des débris d’herbes brûlées sont observées dans l’air des nuits comme des jours. « Cette situation rend la vie difficile surtout en cette période de forte chaleur. Parfois, ces débris se retrouvent dans l’eau des sources où nous nous approvisionnons, même dans nos plats lorsque nous mangeons ; c’est vraiment gênant », se plaint un habitant d’un village dans l’arrondissement d’Ombessa, à une centaine de kilomètres de Yaoundé. Pour les agriculteurs, le feu, grâce aux cendres qu’il génère, fertilise le sol de façon biologique.
Pas vrai ! rétorquent des chercheurs. En dehors de cette gêne, l’agriculture itinérante sur brûlis, pensent des chercheurs, contribue principalement à la destruction des forêts et des services écologiques et à l’émission des gaz à effet de serre (GES) à l’origine du réchauffement climatique. Pour l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (Fao) ce modèle agraire participe à la déforestation et au réchauffement climatique global en facilitant la fuite de carbone dans l’atmosphère. En1957, la FAO observait que : « Le nomadisme agricole est, dans les pays tropicaux humides, le plus grand obstacle non seulement à l’augmentation immédiate de la production agricole, mais aussi à la conservation pour l’avenir du potentiel de production constitué par le sol et les forêts. »
Dans son mémoire « Effet des pratiques culturales sur la diversité des plantes médicinales à Ebolowa » pour l’obtention du diplôme d’études supérieures en sciences à l’université de Yaoundé I en 2010, Elie Nguekam, inspiré . par les travaux de Jiagho paru en 1999, relève que : « Les principales conséquences de l'agriculture itinérante sur brûlis sont la destruction anarchique de la forêt. Elle est le type le plus répandu au Cameroun et elle est remise en question du fait du raccourcissement des temps de Jachère. » Il est reconnu que « le brûlis est pratiqué parce qu'il exige peu de travail à court terme et peu d'argent. Il fournit aux cultures les éléments nutritifs azote, phosphate et oligo-éléments. Les cendres amènent une amélioration du niveau d'acidité du sol. Mais ces avantages valent à court terme. Il faut laisser les arbres couper se dégrader seuls afin d’enrichir longuement le sol»
En réalité, c’est cette pratique qui rende l’agriculture nuisible pour les écosystèmes et l’atmosphère, étant donné que : « Par exemple au Cameroun, différentes études ont montré que le pourcentage de forêt primaire défrichée chaque année excédait rarement 5 % de la totalité des terres mises en culture », indiquent des chercheurs de l’Institut de recherche pour le développement (IRD).
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